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finances. Voyons si elle a au moins conservé une administration régulière, dévouée et capable.

Poser cette question, n’est-ce point la résoudre dans un sens absolument négatif ? Le personnel de cette administration, celui de toutes les branches du service public, y compris l’administration proprement dite, l’organisation communale et provinciale, la justice à tous ses degrés, la police, les finances et l’armée, sans parler de cette organisation à demi-indépendante, l’Église, alliée intéressée et constante du despotisme de Napoléon III ; toute cette gent bureaucratique ou soi-disant élective, depuis le garde-champêtre et le curé de la plus pauvre commune jusqu’aux plus hauts fonctionnaires de l’Église et de l’État, n’ont-ils pas été liés, élus, avancés, protégés, inspirés, corrompus et disciplinés, pendant vingt années consécutives, au point de vue exclusif des intérêts de la dynastie Bonaparte ? Ne sont-ils pas inféodés au bonapartisme par tous leurs intérêts, leurs antécédents honteux, leurs malversations et leurs crimes ? Ne sont-ils pas devenus tellement solidaires entre eux par l’exercice collectif de toutes les choses dégoûtantes et horribles qui, pendant vingt mortelles années, ont ruiné, démoralisé, déshonoré la France et l’ont |43 conduite au bord de l’abîme, qu’il est aujourd’hui impossible à aucun d’eux de se séparer de ses anciens compagnons de l’orgie impériale, sans courir des risques sérieux, je ne dirai pas dans sa réputation, elle n’est que trop bien faite, mais dans ses intérêts, dans sa liberté,