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Défense nationale est arrive au pouvoir, il a trouvé les coffres de l’État, aussi bien que les arsenaux, vides. Ajoutez-y l’ébranlement affreux éprouvé par le crédit public et privé, par suite des désastres militaires de la France et de la chute de l’empire. Il aurait fallu des finances bien autrement organisées et administrées que celles de l’empire pour résister à de pareils coups. Qu’on se rappelle l’état des finances du pays au lendemain de la révolution de 1848, à la suite d’un régime qui, comparé au régime Bonaparte, pouvait être cité comme un modèle de modération, de régularité et d’honnêteté. Eh bien, on a trouvé la caisse vide, le crédit anéanti, et devant soi la banqueroute, pour échapper à laquelle on a eu recours à ce malheureux |41 expédient des centimes additionnels qui ont donné le branle à la réaction des campagnes. Aujourd’hui comme alors, le commerce s’est arrêté ; l’industrie a cessé de produire, le travail de nourrir, l’impôt direct d’être payé, tandis que les impôts indirects donnent à peine un quart de ce qu’ils produisaient avant la guerre ; d’autant plus qu’aujourd’hui la quatrième et la plus industrieuse partie de la France, occupée par les Prussiens, ne donne plus rien à l’État. Comme en 1848, le gouvernement se voit donc menacé par la banqueroute, et c’est probablement pour cette raison que, se mettant de nouveau en contradiction avec lui-même, il vient d’ordonner l’élection d’une Constituante pour le 16 octobre.