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Il était doublement nul : d’abord parce que Paris n’avait pas le droit de le lui conférer ; mais ensuite et surtout parce que, privé de tous les moyens qui lui eussent permis de s’en servir d’une manière efficace pour le salut de la France, en concentrant dans ses mains seulement l’apparence et non la réalité de tous les pouvoirs de l’État, il empêchait et paralysait par là même l’action et le mouvement spontanés du pays ; et cela dans des circonstances où cette action et ce mouvement sont seuls capables de sauver le pays.

Je m’explique. Pour exercer efficacement les pouvoirs de l’État, il faut avoir en ses mains une puissance non fictive, mais réelle ; il faut avoir à sa disposition tous les instruments de l’État. Quels sont ces instruments ? C’est d’abord une armée nombreuse, bien organisée, armée, disciplinée et nourrie, et surtout bien commandée. C’est ensuite un budget bien équilibré, bien administré, et bien riche, ou un crédit capable de suffire à toutes les dépenses extraordinaires rendues nécessaires par la situation particulière du pays. C’est enfin une administration honnête, dévouée, intelligente et active.

Voilà les trois instruments qui constituent la puissance réelle de l’État. Otez-lui l’un de ces trois instruments, et l’État n’est plus puissant. Que sera-ce lorsque tous les trois lui manquent à la fois ? L’État ne sera rien, il sera réduit à zéro. Il ne sera plus qu’un fantôme, un revenant capable de faire du mal en effrayant les imaginations et en pesant sur les vo-