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pacité et leurs défaillances toutes bourgeoises, ils la conduisent à sa ruine.

Ne parlons donc pas de droit. Le peuple de Paris n’avait ni la volonté ni le droit de leur conférer celui de gouverner, ou de paralyser, la France dans ce moment critique où toute l’énergie populaire déchaînée peut seule la sauver. Dans toutes les révolutions passées, le peuple de Paris s’était arrogé ce droit, au moins d’une manière provisoire, et jamais sans avoir provoqué de violentes oppositions dans les provinces. Néanmoins les provinces avaient toujours fini par se soumettre, tant le prestige historique de Paris est puissant, et tant était devenue puissante l’habitude des provinces de marcher à la remorque de Paris. Rendez-vous habituel de toutes les intelligences, foyer de la pensée philosophique, politique et sociale, Paris illuminait, entraînait, dirigeait toute la France. On avait beau protester au nom de la liberté des provinces, Paris était le centre politique, tout-puissant et tout absorbant, du pays.

Aujourd’hui, Paris n’a plus ce caractère. Ce n’est plus la capitale politique, c’est une ville assiégée, un camp, c’est la dernière forteresse de la France. Paris, réduit à se défendre et absorbé par les soins d’une résistance héroïque, ne peut plus gouverner le pays, ni imposer un gouvernement quelconque à la France. Paris, la tête de cette immense et néfaste centralisation qui, se perfectionnant et se renforçant toujours, de Louis XI à Richelieu, de Richelieu à Louis XIV, de Louis XIV à la Convention