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le peuple de Paris[1]. Qu’a-t-il fait pour la défense du pays ? Rien, absolument rien ; il a au contraire tout compromis, tout paralysé et tout empêché.

Mais pour ne point paraître injustes, constatons d’abord la situation dans laquelle il s’est trouvé au premier jour de son avènement au pouvoir. Cette situation était tellement désespérée qu’il a fallu vraiment à la France sa grande âme, ou, à défaut de cette âme, le souvenir de sa grandeur passée, pour qu’elle ne se déclarât pas vaincue. À une invasion formidable de sept cent mille Allemands admirablement organisés, dirigés et armés, enivrés de toutes leurs victoires, et qui, après avoir fait la dernière armée française prisonnière à Sedan, avançaient à marches forcées et comme une immense avalanche sur Paris, le gouvernement provisoire ne pouvait opposer qu’un corps de quarante à cinquante mille hommes, puis les fortifications de Paris. Il est vrai que ces fortifications, perfectionnées par des travaux nouveaux, armées d’une quantité plus que suffisante de canons de gros calibre, et défendues par la patriotique énergie de trois cent mille gardes nationaux, volontaires, et gardes mobiles, promettaient et promettent d’opposer une résistance désespérée aux Prussiens.

Mais quelque sérieuse que soit cette résistance, si Paris n’est point secouru du dehors il devra succomber à la fin. C’est un point unanimement reconnu dans la science militaire qu’aucune place

  1. Cette phrase, s’il faut la prendre à la lettre, date cette page du manuscrit du 4 octobre. — J. G.