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pagande ouvrière |9 les aura convaincus que les villes, loin d’avoir l’intention de leur prendre leurs terres, les invitent au contraire à s’emparer de celles qui ont été lâchement abandonnées par leurs propriétaires fuyant devant les Prussiens, et qu’elles ne prétendent pas leur imposer dictatorialement un ordre économique et social qui serait contraire à leurs mœurs, — alors les paysans se lèveront aussi, et cette levée en masse des travailleurs des campagnes unis aux travailleurs des villes sauvera la France.

J’ai dit, dans la Lettre première[1], que l’une des preuves les plus flagrantes de l’incapacité et de l’impuissance du gouvernement provisoire, à mes yeux, c’est qu’il n’a point encore su, osé, voulu produire cette levée en masse formidable des paysans de France contre l’envahissement des Prussiens, et qu’il n’a pas compris, jusqu’à présent, qu’après la destruction de toutes les forces régulières du pays, il ne reste plus qu’un seul moyen pour le sauver : c’est d’opposer, à la brutalité militairement organisée des Prussiens, la brutalité d’un immense soulèvement populaire.

Mais que peut-on attendre de ces représentants de républicanisme bourgeois, qui, après les défaites de

  1. Bakounine renvoie le lecteur à la « Lettre I » de la brochure Lettres à un Français sur la crise actuelle : voir cette lettre au tome II, pages 81-83. Ceci montre que le manuscrit qu’il rédigeait à Marseille sous la forme épistolaire était, dans son esprit, la continuation de la brochure imprimée à Neuchâtel en septembre 1870. — J. G.