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Les effets désastreux de cette politique singulière ne se firent pas attendre. Le bonapartisme, d’abord écrasé par les premières nouvelles des défaites, reprit confiance. Encouragés par l’impuissance intellectuelle et morale de ces hommes qui constituaient hier la gauche radicale et qui constituent aujourd’hui le gouvernement provisoire, les serviteurs infâmes de l’infâme Bonaparte relevèrent la tête et reprirent ce langage insolent auquel ils avaient habitué la France pendant vingt ans. À la stupéfaction de tout le monde, on vit s’élever, au milieu du désastre immense causé par le régime impérial, et sous la baguette magique de l’intrigante Eugénie, le ministère le plus bonapartiste, le plus jésuite et le plus réactionnaire qui ait jamais gouverné la France, le ministère Palikao, Chevreau, Duvernois et Jérôme David, avec Messieurs Émile de Girardin et Granier de Cassagnac derrière les coulisses.

La gauche protesta-t-elle ? Pas du tout. Elle acclama niaisement ce ministère de mauvais augure, qui, dans le moment le plus terrible que la France eut jamais à passer, se présenta à elle non comme un ministère politique, mais comme un ministère de la défense nationale. Le mot exprimant cet horrible et fatal mensonge était inventé, il pèse encore aujourd’hui sur les destinées de la France. La gauche radicale crut ou fit semblant |6 de croire qu’on pouvait organiser la défense du pays sans faire de la politique, qu’on pouvait créer une puissance maté-