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sauvant Lyon, en organisant sa résistance formidable à l’invasion des Prussiens, il aurait sauvé la France, car il ne faut point se faire illusion, Lyon une fois tombé au pouvoir des Prussiens, la France sera irrévocablement perdue[1].

Lyon après Paris et avec Marseille est la cité ouvrière par excellence, et la France ne peut plus être sauvée que par son monde ouvrier, par les travailleurs des campagnes et des villes. Il serait ridicule et vain d’attendre son salut des classes privilégiées. Je ne parle pas de la noblesse, elle n’existe presque plus. Si elle avait conservé la moindre trace de son ancien caractère et de son ancienne position politique et sociale, elle se serait sans doute émue plus vivement que ne peut le faire la bourgeoisie actuelle du déshonneur et de la déchéance qui menace votre patrie. Mais elle n’existe plus que de nom ; de fait elle s’est noyée dans la bourgeoisie, dont elle partage aujourd’hui les intérêts et les passions. Il n’y a plus actuellement qu’une seule classe privilégiée sérieuse : c’est la bourgeoisie. Parlons donc de cette classe nombreuse et respectable.

N’étant point attachée à la terre, la bourgeoisie, comme le capital dont elle est aujourd’hui l’incarnation réelle et vivante, n’a point de patrie. Sa patrie se trouve là où le capital rapporte les plus gros bénéfices. Sa préoccupation principale, pour ne point dire unique, c’est l’exploitation lucrative

  1. Ici se termine la partie du manuscrit empruntée, avec quelques modifications, à la lettre à Palix. — J. G.