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dans sa substance et dans ses lois fondamentales, |253 toujours et partout identiques. Voilà ce qui doit et ce qui peut nous consoler de notre ignorance forcée sur les développements innombrables des mondes innombrables dont nous n’aurons jamais une idée, et nous rassurer en même temps contre tout danger d’un fantôme divin qui, s’il en était autrement, pourrait nous revenir d’un autre monde.

|254 Sur la terre seule, la science peut poser un pied sûr. Ici elle est chez elle et marche en pleine réalité, ayant tous les phénomènes pour ainsi dire sous sa main, sous ses yeux, pouvant les constater, les palper. Même les développements passés, tant matériels qu’intellectuels, de notre globe terrestre, malgré que les phénomènes dont ils furent |255 accompagnés ont disparu, sont ouverts à nos investigations scientifiques. Les phénomènes qui se sont succédé n’y sont plus, mais leurs traces visibles et distinctes sont restées ; tant celles des développements passés des sociétés humaines, que celles des développements organiques et géologiques de notre globe terrestre. En étudiant ces traces, nous pouvons en quelque sorte reconstituer son passé.

Quant à la formation première de notre planète, j’aime mieux laisser parler le génie si profond et scientifiquement développé d’Auguste Comte[1] que ma propre insuffisance, hélas ! trop vivement recon-

  1. Cours de Philosophie positive, tome II, page 219. (Note de Bakounine.)