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pruntés à l’expérience humaine, suppose une époque déterminée dans le temps, tandis que l’idée de Dieu implique l’éternité : d’où résulte une absurdité évidente. Le même raisonnement s’applique aussi bien à l’absurdité d’un Dieu ordonnateur et législateur des mondes. En un mot, l’idée de Dieu ne supporte pas la moindre critique. Mais Dieu tombant, que reste-il ? L’éternité de l’Univers infini.

Voilà donc une vérité concernant l’absolu et qui porte tout de même le caractère d’une certitude absolue : L’Univers est éternel et n’a jamais été créé par personne. Cette vérité est très importante pour nous, parce qu’elle réduit, une fois pour toutes, à néant la question sur l’origine de la matière universelle, que M. Littré trouve si difficile à résoudre, et détruit, en même temps, dans sa racine l’idée d’un être spirituel absolu, préexistant ou coexistant, l’idée de Dieu.

Dans la connaissance de l’absolu, nous pouvons faire un pas en avant, tout en conservant la garantie d’une absolue certitude.

Rappelons-nous qu’il y a une véritable éternité que le monde existe. Il nous est très difficile de l’imaginer, tant l’idée même la plus abstraite de l’éternité trouve de difficulté à se loger dans nos pauvres têtes, hélas ! si rapidement passagères. Pourtant, il est certain que c’est une vérité irréfutable et qui s’impose avec tout le caractère d’une absolue nécessité à notre esprit. Il ne nous est point permis de ne la pas accepter. Voici donc, |226 le Bon