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choses connues, de nous-mêmes, et planter son drapeau au sein même de notre monde terrestre.

L’intimité des choses, disent les positivistes, nous est inaccessible. Qu’entendent-ils par ces mots : l’intimité des choses ? Pour nous éclairer sur ce point, je vais citer la phrase de M. Littré tout entière :

« Le physicien, sagement convaincu désormais que l’intimité des choses lui est fermée, ne se laisse pas distraire par qui lui demande pourquoi les corps sont chauds et pesants ; il le chercherait en vain, et il ne le cherche plus. De même, dans le domaine biologique, il n’y a pas lieu de demander pourquoi la substance vivante se constitue en des formes où les appareils sont, avec plus ou moins d’exactitude, ajustés au but, à la fonction. S’ajuster ainsi est une des propriétés immanentes de cette substance, comme se nourrir, se contracter, sentir, penser. Cette vue, étendue aux perturbations, les embrasse sans difficulté ; et l’esprit qui cesse d’être tenu à chercher l’impossible conciliation des fatalités avec les finalités, ne trouve plus rien qui soit inintelligible, c’est-à-dire contradictoire, de ce qui lui est départi du monde. » (Pages XXV-XXVI.)

Voilà sans doute une manière bien commode de philosopher et un moyen sûr d’éviter toutes les contradictions possibles. On vous demande, par rapport à un phénomène : Pourquoi cela est ainsi ? Et vous répondez : Parce que cela est ainsi. Après quoi, il ne reste plus à faire qu’une seule chose : constater