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du reste. Après l’avoir bien cherché, après l’avoir attentivement considéré et étudié dans sa provenance historique, nous sommes arrivés à cette conviction que l’Absolu est un être absolument nul, un pur fantôme créé par l’imagination enfantine des hommes primitifs et enluminé par les théologiens et par les métaphysiciens ; rien qu’un mirage de l’esprit humain qui se cherchait lui-même à travers son développement historique. Nul est l’Absolu sur la terre, nul il doit être aussi dans l’immensité des espaces. En un mot l’Absolu, Dieu, n’existe pas, et ne peut exister.

Mais du moment que le fantôme divin disparaît et qu’il ne peut pas s’interposer entre nous et ces régions inconnues de l’immensité, tout inconnues qu’elles nous sont et qu’elles nous resteront à tout jamais, ces régions ne nous offrent plus rien d’étranger ; car, sans connaître la forme des choses, des êtres et des phénomènes qui se produisent dans l’immensité, nous savons qu’ils ne peuvent être rien que des produits matériels de causes matérielles, et que, s’il y a intelligence, cette intelligence, comme chez nous, sera toujours et partout un effet, jamais la cause première. Tel est l’unique sens qu’on peut attacher, selon moi, à cette affirmation de M. Littré que l’immensité, par son alliance avec notre monde connu, devient une idée positive et du même ordre.

Pourtant, dans cette même déclaration se trouve une expression qui me paraît malheureuse, et qui pourrait rendre la joie aux théologiens et aux méta-