Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous. Maintenant, nous nous imaginons, nous sommes également forcés de penser, que toute cette immensité infinie de mondes éternellement inconnus est gouvernée par les mêmes lois naturelles, et que deux fois deux y font quatre comme ils le font chez nous, quand la théologie ne s’en mêle pas. |199 Voilà encore une hypothèse que la science ne pourra jamais vérifier. Enfin la plus simple loi de l’analogie nous oblige pour ainsi dire de penser que beaucoup de ces mondes, sinon tous, sont peuplés d’êtres organisés et intelligents, vivant et pensant conformément à la même logique réelle qui se manifeste dans notre vie et dans notre pensée. Voilà une troisième hypothèse, moins pressante sans doute que les deux premières, mais qui, à l’exception de ceux que la théologie a remplis d’égoïsme et de vanité terrestre, se présente nécessairement à l’esprit de chacun. Elle est aussi invérifiable que les deux autres. Les positivistes diront-ils que toutes ces hypothèses sont nulles, et que leurs objets sont privés de toute réalité ?

À cela, M. Littré, l’éminent chef actuel et universellement reconnu du positivisme en France[1], répond par des paroles si éloquentes et si belles que je ne puis résister au plaisir de les citer :

  1. Littré n’était nullement le « chef universellement reconnu du positivisme » : c’était un disciple hétérodoxe, qui s’était séparé du maître. On sait qu’après la mort d’Auguste Comte, ses sectateurs désignèrent pour lui succéder, comme « directeur du positivisme », Pierre Laffitte, qui occupait cette magistrature spirituelle au moment où écrivait Bakounine. — J. G.