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hommes a créé, et qui depuis |197 quatre ou cinq mille ans pèse sur la science, sur la liberté, sur l’humanité, sur la vie. Armés de cette négation irrésistible et irréfutable, les matérialistes sont assurés contre le retour de tous fantômes divins, anciens et nouveaux, et aucun philosophe anglais ne viendra leur proposer une alliance avec un incognoscible religieux[1] quelconque.

Les positivistes français sont-ils convaincus de cette vérité négative, oui ou non ? Sans doute qu’ils le sont, et tout aussi énergiquement que les matérialistes eux-mêmes. S’ils ne l’étaient pas, ils auraient dû renoncer à la possibilité même de la science, car ils savent mieux que personne qu’entre le naturel et le surnaturel il n’y a point de transaction possible, et que cette immanence des forces et des lois, sur laquelle ils fondent tout leur système, contient directement en elle-même la négation de Dieu. Pourquoi donc dans aucun de leurs écrits ne trouve-t-on la franche et simple expression de cette vérité, de manière à ce que chacun puisse savoir à quoi s’en tenir avec eux ? Ah ! c’est qu’ils sont des conservateurs politiques et prudents, des philosophes qui se préparent à prendre le gouvernement de la vile et ignorante multitude en leurs mains. Voici donc comment ils expriment cette même vérité :

Dieu ne se rencontre pas dans le domaine de la science ; Dieu étant, selon la définition des théolo-

  1. Expression de M. Herbert Spencer. (Note de Bakounine.)