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torique de l’humanité[1]. Les positivistes, comme on voit, sont des hommes comme il faut, et non des casseurs de vitres. Ils détestent les révolutions et les révolutionnaires. Ils ne veulent rien détruire, et, certains que leur heure sonnera, ils attendent patiemment que les choses et les hommes qui leur sont contraires se détruisent eux-mêmes. En attendant, ils font une persévérante propagande à mezza voce, attirant à eux les natures plus ou moins doctrinaires et anti-révolutionnaires qu’ils rencontrent dans la jeunesse studieuse « de l’École polytechnique et de l’École de médecine », ne dédaignant pas non plus de descendre parfois jusqu’aux |196 « ateliers de l’industrie » pour y semer la haine « des opinions vagues, métaphysiques et révolutionnaires », et la foi, naturellement plus ou moins aveugle, dans le système politique et social préconisé par la Philosophie positive. Mais ils se garderont bien de soulever contre eux les instincts conservateurs des classes gouvernantes et de réveiller en même temps les passions subversives des masses par une trop franche propagande de leur athéisme et de leur matéria-

  1. Je considère aussi tout cc qui s’est fait et tout ce qui se fait dans le monde réel, tant naturel que social, comme un produit nécessaire de causes naturelles. Mais je suis loin de penser que tout ce qui est nécessaire ou fatal soit bon. Un coup de vent vient de déraciner un arbre. C’était nécessaire, mais nullement bon. La politique de Bismarck paraît devoir triompher pendant quelque temps en Allemagne et en Europe. Ce triomphe est nécessaire, parce qu’il est le produit fatal de beaucoup de causes réelles, mais il n’est aucunement salutaire ni pour l’Europe, ni pour l’Allemagne. (Note de Bakounine.)