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sont établies, pour ainsi dire d’elles-mêmes, dans la science. Chacune de ces sciences particulières, par son développement historique, a formé et apporte avec elle une méthode d’investigation et de constatation de choses et de faits, de déductions et de conclusions qui lui sont, sinon toujours exclusivement, du moins particulièrement propres. Mais toutes ces méthodes différentes ont une seule et même base première, se réduisant en dernière instance à une constatation personnelle et réelle des choses et des faits par les sens, et toutes, dans les limites des facultés humaines, ont le même but : l’édification de la science universelle, la compréhension de l’unité, de l’universalité réelle des mondes, la réédification scientifique du grand Tout, de l’Univers.

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Ce but, que je viens d’énoncer, ne se trouve-t-il pas en contradiction flagrante avec l’impossibilité évidente pour l’homme de pouvoir le réaliser jamais ? Oui, sans doute, et pourtant l’homme ne peut y renoncer et il n’y renoncera jamais. Auguste Comte et ses disciples auront beau nous prêcher la modération et la résignation, l’homme ne se modérera ni ne se résignera jamais. Cette contradiction est dans la nature de l’homme, et surtout elle est dans la nature de notre esprit : armé de sa formidable puissance d’abstraction, il ne reconnaît et ne reconnaîtra jamais aucune limite pour sa curiosité