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indirects constituent l’Univers, ce qui dépasse évidemment les facultés d’un homme, d’une génération, de l’humanité tout entière.

En voulant embrasser l’universalité de la science, l’homme s’arrête, écrasé par l’infiniment grand. Mais en se rejetant sur les détails de la science, il rencontre |189 une autre limite, c’est l’infiniment petit. D’ailleurs il ne peut reconnaître réellement que ce dont l’existence réelle lui est témoignée par ses sens, et ses sens ne peuvent atteindre qu’une infiniment petite partie de l’Univers infini : le globe terrestre, le système solaire, tout au plus cette partie du firmament qui se voit de la terre. Tout cela ne constitue dans l’infinité de l’espace qu’un point imperceptible.

Le théologien et le métaphysicien se prévaudraient aussitôt de cette ignorance forcée et nécessairement éternelle de l’homme pour recommander leurs divagations ou leurs rêves. Mais la science dédaigne cette triviale consolation, elle déteste ces illusions aussi ridicules que dangereuses. Lorsqu’elle se voit forcée d’arrêter ses investigations, faute de moyens pour les prolonger, elle préfère dire : « Je ne sais pas », à présenter comme des vérités des hypothèses dont la vérification est impossible. La science a fait plus que cela : elle est parvenue à démontrer, avec une certitude qui ne laisse rien à désirer, l’absurdité et la nullité de toutes les conceptions théologiques et métaphysiques ; mais elle ne les a pas détruites pour les remplacer par des absurdités nou-