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pleine acception de ce mot, et avec elle la théologie et la métaphysique aussi. Jusque-là, l’imagination religieuse de l’homme, obsédée par |182 la représentation fixe d’une Toute-puissance indéterminée et introuvable, avait procédé naturellement, en la cherchant, par la voie de l’investigation expérimentale, d’abord dans les objets les plus rapprochés, dans les fétiches, puis dans les sorciers, plus tard encore dans les grands phénomènes de la nature, enfin dans les astres, mais en l’attachant toujours à quelque objet réel et visible, si éloigné qu’il fût. Maintenant il s’élève jusqu’à l’idée d’un Dieu-Univers, une abstraction. Jusque-là tous ses Dieux ont été des Etres particuliers et restreints, parmi beaucoup d’autres êtres non divins, non tout-puissants, mais non moins réellement existants. Maintenant il pose pour la première fois une Divinité universelle : l’Être des êtres, substance créatrice de tous les êtres restreints et particuliers, l’âme universelle, le Grand Tout. Voilà donc le vrai Dieu qui commence, et avec lui la vraie Religion.

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