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dû lui apparaître, à travers le prisme de son imagination enfantine, excitée et grossie par l’effet même de cette réflexion commençante, comme une sombre et mystérieuse puissance, infiniment plus hostile et plus menaçante qu’elle n’est en réalité.

Il nous est excessivement difficile, sinon impossible, de nous rendre un compte exact des premières sensations et imaginations religieuses de l’homme sauvage. Dans leurs détails, elles ont dû être |176 sans doute aussi diverses que l’ont été les propres natures des peuplades primitives qui les ont éprouvées et conçues, aussi bien que les climats, la nature des lieux et des autres circonstances déterminantes au milieu desquelles elles se sont développées. Mais comme, après tout, c’étaient des sensations et des imaginations humaines, elles ont dû, malgré cette grande diversité de détails, se résumer en quelques simples points identiques, d’un caractère général et qu’il n’est pas trop difficile de fixer. Quelle que soit la provenance des différents groupes humains ; quelle que soit la cause des différences anatomiques qui existent entre les races humaines ; que les hommes n’aient eu pour ancêtre qu’un seul Adam-gorille ou cousin du gorille, ou, comme il est plus probable, qu’ils soient issus de plusieurs ancêtres que la nature aurait formés, indépendamment les uns des autres, sur différents points du globe et à époques différentes ; toujours est-il que la faculté qui constitue et qui crée proprement l’humanité dans les hommes : la réflexion, la puissance d’abstraction, la raison, c’est-à--