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L’action et la réaction incessante du Tout sur chaque point, et de chaque point sur le Tout, constitue, ai-je dit, la loi générale, suprême, et la réalité même de cet Être unique que nous appelons l’Univers, et qui est toujours, à la fois, producteur et produit. Éternellement active, toute-puissante, source et résultante éternelle de tout ce qui est, de tout ce qui naît, agit et réagit, puis meurt en son sein, cette universelle solidarité, cette causalité mutuelle, ce procès[1] éternel de transformations réelles, tant universelles qu’infiniment détaillées, et qui se produisent dans l’espace infini, la nature, a formé, parmi une quantité infinie d’autres mondes, notre terre, avec toute l’échelle de ses êtres, depuis les plus simples éléments chimiques, depuis les premières formations de la matière avec toutes ses propriétés mécaniques et physiques, jusqu’à l’homme. Elle les reproduit toujours, les développe, les nourrit, les conserve, puis, lorsque leur terme arrive, et souvent même avant qu’il ne soit arrivé, elle les détruit, ou plutôt les transforme en êtres nouveaux. Elle est donc la Toute-puissance contre laquelle il n’y a pas d’indépendance ni d’autonomie possible, l’être suprême qui embrasse et pénètre de son action irrésistible toute l’existence des êtres ; et, parmi les êtres vivants, il n’en est pas un seul qui ne porte en lui-même, sans

  1. Bakounine emploie le mot « procès » dans le sens du latin processus (en allemand, Prozess). Il serait à désirer que l’emploi du mot « procès » dans ce sens se généralisât, et qu’on renonçât, en français, à parler de processus. — J. G.