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mations de la matière inorganique, organique et animale, ou plutôt n’étant elles-mêmes autre chose que ces transformations régulières de l’être unique, de la matière, dont chaque être, même le plus intelligent, et en apparence le plus volontaire, le plus libre, à chaque moment de sa vie, quoi qu’il pense, quoi qu’il entreprenne, quoi qu’il fasse, n’est rien qu’un représentant, un fonctionnaire, un organe involontaire et fatalement déterminé par le courant universel des effets et des causes.

L’action des hommes sur la nature, aussi fatalement déterminée par les lois de la nature que l’est toute autre action dans le monde, est la continuation, très indirecte sans doute, de l’action mécanique, physique et chimique de tous les êtres inorganiques composés et élémentaires ; la continuation plus directe |160 de l’action des plantes sur leur milieu naturel ; et la continuation immédiate de l’action de plus en plus développée et consciente d’elle-même de toutes les espèces d’animaux. Elle n’est pas en effet autre chose que l’action animale, mais dirigée par une intelligence progressive, par la science ; cette intelligence progressive et cette science n’étant d’ailleurs elles-mêmes qu’une transformation nouvelle de la matière dans l’homme ; d’où il résulte que lorsque l’homme agit sur la nature, c’est encore la nature qui réagit sur elle-même. On voit qu’aucune révolte de l’homme contre la nature n’est possible.

L’homme ne peut donc jamais lutter contre la nature ; par conséquent il ne peut ni la vaincre, ni la