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du monde animal, en conséquence de laquelle les organisations les plus intelligentes et les plus énergiques remplacent successivement des organisations inférieures, incapables de soutenir à la longue cette lutte contre elles. Sous ce rapport, mais seulement sous ce rapport, il y a incontestablement dans le monde animal mouvement et progrès. Mais au sein même des espèces, des familles et des classes d’animaux, il n’y en a aucun ou presque aucun.

Le travail de l’homme, considéré tant au point de vue des méthodes qu’à celui des produits, est aussi perfectible et progressif que son esprit. Par la combinaison de son activité cérébrale ou nerveuse avec son activité musculaire, de son intelligence scientifiquement développée avec sa force physique, par l’application de sa pensée progressive à son travail, qui, d’exclusivement animal, instinctif et quasi-machinal et aveugle qu’il était d’abord, devient de plus en plus intelligent, l’homme crée son monde humain. Pour se faire une idée de l’immense carrière qu’il a parcourue et des progrès énormes de son industrie, qu’on compare seulement la hutte du sauvage avec ces palais luxueux de Paris que les sauvages Prussiens se croient providentiellement destinés à détruire ; et les pauvres armes des populations primitives avec ces terribles engins de destruction qui semblent être devenus le dernier mot de la civilisation germanique.

Ce que toutes les autres espèces d’animaux, prises ensemble, n’ont pu faire, l’homme seul l’a fait. Il a