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lant. L’homme, être vivant, n’est pas soustrait à cette nécessite, qui est la loi suprême de la vie. Pour maintenir son existence, pour se développer dans la plénitude de son être, il doit travailler. Il y a pourtant entre le travail de l’homme et celui des animaux de toutes les autres espèces une différence énorme : le travail des animaux est stagnant, parce que leur intelligence est stagnante ; celui de l’homme au contraire est essentiellement progressif, parce que son intelligence est au plus haut degré progressive.

Rien ne prouve mieux l’infériorité décisive de toutes les autres espèces d’animaux, par rapport à l’homme, que ce fait incontestable et incontesté, que les méthodes aussi bien que les produits du travail tant collectif qu’individuel de tous les autres animaux, méthodes et produits souvent tellement ingénieux qu’on les croirait dirigés et confectionnés par une intelligence scientifiquement développée, ne varient et ne se perfectionnent presque pas. Les fourmis, les abeilles, les castors, et d’autres animaux qui vivent en république, font aujourd’hui précisément ce qu’ils ont fait il y a trois mille ans, ce qui prouve que dans leur intelligence il n’y a pas de progrès. Ils sont aussi savants et aussi bêtes à cette heure qu’il y a |156 trente ou quarante siècles. Il se fait bien un mouvement progressif dans le monde animal. Mais ce sont les espèces elles-mêmes, les familles et les classes, qui se transforment lentement, poussées par la lutte pour la vie, cette loi suprême