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l’action passée de ces causes extérieures, devient à son tour un moteur plus ou moins actif et puissant, un producteur en quelque sorte indépendant des choses, des idées, des volontés, des actions qui l’entourent immédiatement.

L’homme peut devenir ainsi, jusqu’à un certain point, son propre éducateur, son propre instructeur, et comme le créateur de soi-même. Mais on voit qu’il n’acquiert par là qu’une indépendance tout à fait relative et qui ne le soustrait aucunement à la dépendance fatale, ou si l’on veut à la solidarité absolue, par laquelle, comme être existant et vivant, il est irrévocablement enchaîné au monde naturel et social dont il est le produit, et dans lequel, comme tout ce qui existe, après avoir été effet, et continuant de l’être toujours, il devient à son tour une cause relative de produits relatifs nouveaux.

Plus tard, j’aurai l’occasion de montrer que l’homme le plus développé sous le rapport de l’intelligence et de la volonté se trouve encore, par rapport à tous ses sentiments, ses idées et ses volontés, dans une dépendance quasi-absolue vis-à-vis du monde naturel et social qui l’entoure, et qui à chaque moment de son existence détermine les conditions de sa vie. Mais au point même où nous sommes arrivés, il est évident qu’il n’y a pas lieu à la responsabilité humaine telle que les théologiens, les métaphysiciens et les juristes la conçoivent.

Nous avons vu que l’homme n’est nullement responsable |133 ni du degré des capacités intellectuelles