Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aide l’intelligence naissante de l’enfant et se fondant sur un certain degré de force volitive qui s’est développé en lui, l’habitue à réprimer l’expression immédiate de ses sentiments et de ses désirs, et à soumettre enfin tous les mouvements volontaires de son corps, aussi bien que ce qu’on appelle son âme, sa pensée même, ses paroles et ses actes, à un but dominant, bon ou mauvais.

La volonté de l’homme ainsi développée, exercée, n’est évidemment de nouveau rien que le produit d’influences qui lui sont extérieures et qui s’exercent sur elle, qui la déterminent et la forment, indépendamment de ses propres résolutions. Un homme peut-il être rendu responsable de l’éducation, bonne ou mauvaise, |132 suffisante ou insuffisante, qu’on lui a donnée ?

Il est vrai que lorsque, dans l’adolescent ou le jeune homme, l’habitude de penser ou de vouloir est arrivée, grâce à cette éducation qu’il a reçue du dehors, à un certain degré de développement, au point de constituer en quelque sorte une force intérieure, identifiée désormais à son être, il peut continuer son instruction et même son éducation morale lui-même, par une gymnastique pour ainsi dire spontanée de sa pensée et même de sa volonté, aussi bien que de sa force musculaire ; spontanée dans ce sens, qu’elle ne sera plus uniquement dirigée et déterminée par des volontés et des actions extérieures, mais aussi par cette force intérieure de penser et de vouloir qui, après s’être formée et consolidée en lui par