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2. L’homme. — Intelligence, Volonté.
(Feuillets 118-152.)


En obéissant aux lois de la nature, ai-je dit, l’homme n’est point esclave, puisqu’il n’obéit qu’à des lois qui sont inhérentes à sa propre nature, aux conditions mêmes par lesquelles il existe et qui constituent tout son être : en leur obéissant, il obéit à lui-même.

Et pourtant il existe au sein de cette même nature un esclavage dont l’homme est tenu de se libérer sous peine de renoncer à son humanité : c’est celui du monde naturel qui l’entoure et qu’on nomme habituellement la nature extérieure. C’est l’ensemble des choses, des phénomènes et des êtres vivants qui l’obsèdent, l’enveloppent constamment de toutes parts, sans lesquels et en dehors desquels, il est vrai, il ne saurait vivre un seul instant, mais qui néanmoins semblent conjurés contre lui, de sorte qu’à chaque instant de sa vie il est forcé de défendre contre eux son existence. L’homme ne peut se passer de ce monde extérieur, parce qu’il ne peut vivre qu’en lui et ne peut se nourrir qu’à ses dépens ; et, en même temps, il doit se sauvegarder contre lui, parce que ce monde semble vouloir toujours le dévorer à son tour.