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Et lors même que ces hommes, au point de vue économique et social, seraient réellement leurs égaux, ils n’en deviennent pas moins, au point de vue politique, des chefs auxquels, sous le prétexte du bien public et en vertu de la soi-disant volonté du peuple, exprimée par une résolution prise pas même à l’unanimité, mais à la majorité des suffrages, tous les citoyens doivent une obéissance passive, naturellement dans les limites déterminées par la loi, limites qui, comme l’expérience de tous les jours nous l’apprend, s’étendent toujours beaucoup pour le droit de celui qui commande, et se rétrécissent singulièrement pour le citoyen qui voudrait user du droit de la désobéissance légale.

Eh bien, je déclare qu’en tant que les citoyens obéissent aux représentants officiels de la loi, aux chefs qui leur sont imposés par l’État, alors même que ces chefs auraient été sanctionnés par le suffrage universel, ils sont des esclaves.

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Qu’est-ce que la liberté ? Qu’est-ce que l’esclavage ? La liberté de l’homme consisterait-elle dans la révolte contre toutes les lois ? Non, en tant que ces lois sont des lois naturelles, économiques et sociales, des lois non autoritairement imposées, mais inhérentes aux choses, aux rapports, aux situations dont elles expriment le développement naturel. Oui, en tant que ce sont des lois politiques et juri-