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duire aux mêmes frais que les grands, — ou même entre les mains de sociétés anonymes, plus puissantes par la réunion de leurs capitaux que les plus grands capitalistes isolés ; d’un autre, elle est forcée, par cette même concurrence, à vendre ses produits au plus bas prix possible. Elle ne peut atteindre ce double résultat qu’en rejetant un nombre de plus en plus considérable de petits et de moyens capitalistes, spéculateurs, commerçants et industriels, du monde des exploiteurs dans celui du prolétariat exploité ; et en faisant, en même temps, des économies progressives sur les salaires de ce même prolétariat.

D’un autre côté, la masse du prolétariat augmentant toujours, et par l’accroissement naturel de la population, que la misère elle-même, comme on sait, n’arrête guère, et par le renvoi dans son sein d’un nombre toujours croissant de bourgeois, ci-devant propriétaires, capitalistes, commerçants et industriels, — et augmentant, comme je viens de le dire, dans une proportion plus forte que les besoins |91 de la production exploitée en commandite par le capital bourgeois, — il en résulte une concurrence désastreuse entre les travailleurs eux-mêmes ; car n’ayant d’autre moyen d’existence que leur travail manuel, ils sont poussés, par la crainte de se voir remplacés par d’autres, à vendre leur travail au plus bas prix possible. Cette tendance des travailleurs, ou plutôt cette nécessité à laquelle ils se voient condamnés par leur misère, combinée avec la tendance plus ou moins forcée des patrons à vendre les