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de leurs détenteurs actuels ? Question qui, lorsqu’elle est envisagée au point de vue de l’histoire, de la logique et de la justice, ne peut être résolue autrement que contre les détenteurs. Je me borne à constater, simplement, que les propriétaires et les capitalistes, en tant qu’ils vivent, non de leur propre travail productif, mais de la rente de leurs terres, du loyer de leurs bâtiments, et des intérêts de leurs capitaux, ou bien de la spéculation sur leurs terres, sur leurs bâtiments et sur leurs capitaux, ou bien de l’exploitation soit commerciale, soit industrielle, du travail manuel du prolétariat, — spéculation et exploitation qui constituent sans doute aussi une sorte de travail, mais un travail parfaitement improductif (à ce compte les voleurs et les rois travaillent aussi), — que tous ces gens-là, dis-je, vivent au détriment du prolétariat.

Je sais fort bien que cette manière de vivre est infiniment honorée dans tous les pays civilisés ; qu’elle est expressément, tendrement protégée par tous les États, et que les États, les religions, toutes les lois juridiques, criminelles et civiles, tous les gouvernements politiques, monarchiques et républicains, avec leurs immenses administrations policières et judiciaires et avec leurs armées permanentes, n’ont proprement pas d’autre mission que de la consacrer et de la protéger. En présence d’autorités si puissantes et si respectables, je ne me permets donc pas même de demander si cette manière de vivre, au point de vue de la justice humaine, de