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et l’État, représentés par des hommes, et comme tels devenant solidaires de toutes les passions, de tous les vices et de toutes les sottises humaines, offrent nécessairement d’immenses défauts, et sont susceptibles de grands et salutaires changements successifs, amenés par le développement progressif moral, intellectuel et matériel des nations, qui constituent le fond sérieux de l’histoire.

9) Dans le développement intellectuel et moral de l’humanité, quoique constamment dirigé par la Providence éternelle, la forme de la révélation religieuse n’est point toujours nécessaire. Elle était inévitable dans les temps les plus reculés de l’histoire, alors que l’intelligence, cette lumière à la fois humaine et divine, cette révélation permanente de Dieu dans les hommes, ne s’était pas encore suffisamment développée ; mais, à mesure qu’elle prend possession d’elle-même, cette forme extraordinaire, insolite, des révélations tend à disparaître de plus en plus, faisant place aux inspirations plus rationnelles des philosophes illustres, des grands penseurs qui, mieux armés de cet instrument divin que les autres, aidés d’ailleurs toujours de Dieu, — quoique d’une manière le plus souvent insensible, même pour eux-mêmes, mais quelquefois aussi en leur faisant sentir cette aide (voir le démon de Socrate), — cherchent à surprendre par les efforts de leur propre pensée les mystères de Dieu, mystères qui leur ont été déjà révélés en partie, à eux comme à tout le monde, par toutes les révélations passées, de