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jours conforme d’ailleurs au développement contemporain et réel des rapports économiques et politiques dont il a été en tout temps, dans le monde de la fantaisie religieuse, la reproduction fidèle et la consécration divine. C’est ainsi que la folie collective et historique qui s’appelle religion s’est développée depuis le fétichisme, en passant par tous les degrés du polythéisme, jusqu’au monothéisme chrétien.

Le second pas, dans le développement des croyances religieuses, et le plus difficile sans doute après l’établissement d’un monde divin séparé, ce fut précisément cette transition du polythéisme au monothéisme, du matérialisme religieux des païens à la foi spiritualiste des chrétiens. Les dieux païens, et c’était là leur caractère principal, étaient avant tout des dieux exclusivement nationaux. Puis, comme ils étaient nombreux, ils conservèrent nécessairement, plus ou moins, un caractère matériel, ou plutôt c’est parce qu’ils étaient matériels qu’ils furent si nombreux, la diversité étant un des attributs principaux du monde réel. Les dieux païens n’étaient pas encore proprement la négation des choses réelles : ils n’en étaient que l’exagération fantastique[1].

  1. Ici, la brochure Dieu et L’État a intercalé le contenu de six feuillets qui n’appartiennent pas au manuscrit de L’Empire knouto-germanique, et qui ont fait partie d’un autre manuscrit dont ils ont été détachés. Bakounine a écrit, au verso de l’un d’eux, cette mention : « Religion. 2. Tout récent. » Je n’imprime pas ici ces six feuillets, étrangers au présent ouvrage. — J. G.