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humaine, n’ont d’existence réelle que dans un nombre indéfini d’individus qui naissent et qui meurent, faisant place à des individus nouveaux également passagers. Elle sait qu’à mesure qu’on s’élève des espèces animales aux espèces supérieures, le principe de l’individualité se détermine davantage, les individus apparaissent plus complets et plus libres. Elle sait enfin que l’homme, le dernier et le plus parfait animal sur cette terre, présente l’individualité la plus complète et la plus digne de considération, à cause de sa capacité de concevoir et de concréter, de personnifier en quelque sorte en lui-même, et dans son existence tant sociale que privée, la loi universelle. Elle sait, quand elle n’est point viciée par le doctrinarisme soit théologique, soit métaphysique, soit politique et juridique, soit même par un orgueil étroitement scientifique, et lorsqu’elle n’est point sourde aux instincts et aux aspirations spontanées de la vie, elle sait, et c’est là son dernier mot, que le respect de l’homme est la loi suprême de l’humanité, et que le grand, le vrai but de l’histoire, le seul légitime, c’est l’humanisation et l’émancipation, c’est la liberté réelle, la prospérité réelle, le bonheur de chaque individu vivant dans la société. Car, en fin de compte, à moins de retomber dans la fiction liberticide du bien public représenté par l’État, fiction toujours fondée sur l’immolation systématique des masses populaires, il faut bien reconnaître que la liberté et la prospérité collectives ne sont réelles que lorsqu’elles représentent la