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Bakounine, qui n’avait aucun amour-propre d’auteur, disait de lui-même que « le talent d’architecte en littérature lui faisait complètement défaut », et que, lorsqu’il avait « bâti la maison », il fallait qu’un ami lui rendît le service « d’y disposer les fenêtres et les portes » (lettre à Herzen, 28 octobre 1869).

La brochure parut en mai. Une lettre de Bakounine « aux amis de Genève », imprimée dans la Correspondance qu’a publiée Michel Dragomanof, sans autre date que celle-ci : « Jeudi, 1870, Berne » (elle est, comme son contenu le montre, du 26 mai 1870), et une lettre à Ogaref, écrite de Locarno le 30 mai, racontent les efforts faits par l’auteur pour exercer une pression sur le Conseil fédéral suisse, par l’intermédiaire de ses amis Adolf Reichel, Emil Vogt, Gustav Vogt, et surtout Adolf Vogt, auquel il recommande d’envoyer « une vingtaine d’exemplaires de ses Ours », et qui « se charge de les distribuer aux personnalités influentes ». Bakounine indique en même temps les mesures à prendre pour la propagation rapide de la brochure en Suisse[1], et donne une liste de libraires à Berne, Zurich, Bâle, Aarau, Soleure, Lucerne, Fribourg, Neuchâtel, Lausanne, Genève, Lugano et Bellinzona. Netchaïef, qui se tenait caché, échappa aux recherches ; on arrêta à sa place un jeune émigré russe, Semen Serebrenikof, qu’on avait pris pour lui, mais que la police genevoise dut relâcher quand l’erreur eut été constatée.

On sait comment les procédés « ultra-révolutionnaires » de Netchaïef amenèrent Bakounine et Ogaref à rompre avec ce jeune fanatique (juillet 1870), lorsqu’ils

  1. « Tous nos amis (à Berne) sont unanimes à demander que ma brochure, qu’ils trouvent très heureusement rédigée, soit annoncée et répandue le plus rapidement possible. »