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géré un moyen tout simple de lui rendre honorablement le service qu’il réclame d’eux.

« Il ne s’agit pas, — déclare-t-on — de la poursuite et de l’extradition de Polonais ou de Russes coupables de crimes politiques, oh que non ! Il ne s’agit que de simples assassins et faussaires. — Mais qui sont ces assassins, ces faussaires ? Naturellement, tous ceux qui, plus que les autres, ont eu le malheur de déplaire au gouvernement russe, et qui ont eu, en même temps, le bonheur d’échapper à ses recherches paternelles. Ils ne sont ni assassins, ni faussaires, le gouvernement russe le sait mieux que personne et les gouvernements des autres pays le savent aussi bien que lui. Mais l’apparence est sauvée et le service est rendu.

« C’est ainsi qu’il y a six ou sept mois, à peu près, le gouvernement wurtembergeois a livré aux autorités russes un jeune homme qui étudiait à l’université de Tubingue, sur la simple demande du cabinet de Saint-Pétersbourg. C’est ainsi qu’on vient d’arrêter à Vienne un autre jeune Russe, étudiant à l’université de cette ville, et, s’il n’est pas déjà livré aux autorités moscovites, il ne manquera pas de l’être bientôt.

« Et remarquez que c’est un ministère libéral, patriotique et ultra-allemand[1] qui rend au gouvernement russe ce service. Le gouvernement de Prusse, lui, on le sait, a toujours été le fournisseur de son voisin et ami, l’ours de Saint-Pétersbourg. Il ne lui a jamais refusé les victimes, et, pour peu que le féroce quadrupède eût montré quelque goût pour la chair des libres Allemands, il lui en aurait sans doute livré quelques douzaines avec beaucoup de plaisir.

  1. Le ministère dirigé par M. de Beust. — J. G