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manisme). Et plus loin il ajoute : « Il faut absolument considérer cet événement désastreux comme une victoire remportée sur les classes inférieures, dont le sort ne pouvait qu’empirer à sa suite. L’ordre fut rétabli, mais la marche de l’état social tourna dès lors grandement au désavantage des classes inférieures. » (Histoire de la Pologne, par Joachim Lelewel, t. II, p. 19.)

La Bohême s’était laissé germaniser encore plus que la Pologne. Comme cette dernière, jamais elle n’avait été conquise par les Allemands, mais elle s’était laissé profondément |109 dépraver par eux. Membre du Saint-Empire, depuis sa formation comme État, elle n’avait jamais pu s’en détacher pour son malheur, et elle en avait adopté toutes les institutions cléricales, féodales et bourgeoises. Les villes et la noblesse de la Bohême s’étaient germanisées en partie ; noblesse, bourgeoisie et clergé étaient allemands, non de naissance, mais de baptême, ainsi que par leur éducation et par leur position politique et |126 sociale ; l’organisation primitive des communes slaves n’admettant ni prêtres, ni classes. Seuls, les paysans de la Bohême s’étaient conservés purs de cette lèpre allemande, et ils en étaient naturellement les victimes. Cela explique leurs sympathies instinctives pour toutes les grandes hérésies populaires. Ainsi nous avons vu l’hérésie des Vaudois se répandre en Bohême déjà au douzième siècle et celle des Fraticelli au quatorzième, et vers la fin de ce siècle ce fut le tour de l’hérésie de Wicleff,