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allemandes ne pouvaient compter que sur elles-mêmes. |116 Elles ne pouvaient pas, comme les communes de France, s’appuyer sur la puissance croissante de la centralisation monarchique, le pouvoir des empereurs, qui résidait beaucoup plus dans leurs capacités et dans leur influence personnelles que dans les institutions politiques, et qui par conséquent variait avec le changement des personnes, n’ayant jamais pu se consolider ni prendre corps en Allemagne, D’ailleurs, toujours occupés des affaires d’Italie et de leur lutte interminable contre les papes, ils passaient les trois quarts de leur temps hors de l’Allemagne. Par cette double raison, la puissance des empereurs, toujours précaire et toujours disputée, ne pouvait offrir, comme celle des rois de France, un appui suffisant et sérieux à l’émancipation des communes.

Les villes de l’Allemagne ne pouvaient pas non plus, comme les communes anglaises, s’allier avec l’aristocratie terrienne contre le pouvoir de l’empereur, pour revendiquer leur part de liberté politique ; les maisons souveraines et toute la noblesse féodale de l’Allemagne, au contraire de l’aristocratie anglaise, s’étaient toujours distinguées par une absence complète de sens politique. C’était tout simplement un ramassis de grossiers brigands, brutaux, stupides, ignorants, n’ayant de goût que pour la guerre féroce et pillarde, que pour la luxure et pour la débauche. Ils n’étaient bons que pour attaquer les marchands des villes sur les grandes