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la destruction d’une partie de la population et l’asservissement du reste. Dans les pays conquis, autour des camps retranchés de ces civilisateurs armés, se formaient ensuite les villes allemandes. Au milieu d’eux venait s’établir le saint évêque, le bénisseur quand même de tous les attentats commis ou entrepris par ces nobles brigands ; avec lui venait une troupe de prêtres, et on baptisait de force les pauvres païens qui avaient survécu au |100 massacre, puis on obligeait ces esclaves de bâtir des églises. Attirés par tant de sainteté et de gloire, arrivaient ensuite ces bons bourgeois allemands, humbles, serviles, lâchement respectueux vis-à-vis de l’arrogance nobiliaire, à genoux devant toutes les autorités établies, politiques et religieuses, aplatis, en un mot, devant tout ce qui représentait une puissance quelconque, mais excessivement durs et pleins de mépris et de haine pour les populations indigènes vaincues ; d’ailleurs unissant à ces qualités utiles, sinon très brillantes, une force, une intelligence et une persévérance de travail tout à fait respectables, et je ne sais quelle puissance végétative de croissance et d’expansion envahissante, qui rendaient ces parasites laborieux très dangereux pour l’indépendance |115 et pour l’intégrité du caractère national, même dans les pays où ils étaient venus s’établir non par le droit de conquête, mais par grâce, comme en Pologne, par exemple. C’est ainsi que la Prusse orientale et occidentale et une partie du grand-duché de Posen se sont trouvées germa-