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knouto-germanique qu’en y renonçant pour longtemps, même dans ses rêves, la réalité étant devenue trop saisissante aujourd’hui, trop brutale, pour qu’il y ait place et loisir pour des rêves.

À défaut de toutes ces grandes choses à la fois réelles et humaines, les publicistes, les savants, les patriotes et les poètes de la bourgeoisie allemande leur parlent de quoi ? De la grandeur passée de l’Empire d’Allemagne, des Hohenstaufen et de l’empereur Barberousse. Sont-ils fous ? sont-ils idiots ? Non, ils sont des bourgeois allemands, des patriotes allemands. Mais pourquoi diable ces bons |110 bourgeois, ces ex |96 cellents patriotes adorent-ils ce grand passé catholique, impérial et féodal de l’Allemagne ? Retrouvent-ils, comme les villes d’Italie, dans le douzième, dans le treizième, dans le quatorzième et dans le quinzième siècle, des souvenirs de puissance, de liberté, d’intelligence et de gloire bourgeoise ? La bourgeoisie, ou, si nous voulons étendre ce mot en nous conformant à l’esprit de ces temps reculés, la nation, le peuple allemand fut-il alors moins brutalisé, moins opprimé par ses princes despotes et par sa noblesse arrogante ? Non, sans doute, ce fut pis qu’aujourd’hui. Mais alors que vont-ils donc chercher dans les siècles passés, ces savants bourgeois de l’Allemagne ? La puissance du maître. C’est l’ambition des valets.

En présence de ce qui se passe aujourd’hui, le doute n’est plus possible. La bourgeoisie allemande n’a jamais aimé, compris, ni voulu la liberté. Elle