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et de la liberté, non seulement lui est inconnu, il lui répugne, la scandalise et l’effraie. La bourgeoisie allemande ne saurait vivre sans maître ; elle éprouve trop le besoin de respecter, d’adorer, de se soumettre à n’importe qui. Si ce n’est pas un roi, un empereur, eh bien ! ce sera un monarque collectif, l’État et tous les fonctionnaires de l’État, comme c’était le cas jusqu’ici à Francfort, à Hambourg, à Brème et à Lübeck, appelées villes républicaines et libres, et qui passeront sous la domination du nouvel empereur d’Allemagne sans s’apercevoir même qu’elles ont perdu leur liberté.

Ce qui mécontente le bourgeois allemand, ce n’est donc pas de devoir obéir à un maître : car c’est là son habitude, sa seconde nature, sa religion, sa passion ; mais c’est l’insignifiance, la faiblesse, l’impuissance relative de celui à qui il doit et il veut obéir. Le bourgeois allemand possède au plus haut degré cet orgueil de tous les valets qui réfléchissent en eux-mêmes l’importance, la richesse, la grandeur, la puissance de leur maître. C’est ainsi que s’explique le culte rétrospectif de la figure historique et presque mythique de l’empereur d’Allemagne, culte né, en 1815, simultanément avec le pseudo-libéralisme allemand, dont il a été toujours depuis l’accompagnement obligé, et qu’il devait nécessairement étouffer et détruire, tôt ou tard, comme il vient de le faire de nos jours. Prenez toutes les chansons patriotiques des |95 Allemands, composées depuis 1815. Je ne parle pas |109 des chansons des ouvriers socia-