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rieure, a été nulle ou presque nulle jusqu’en 1866, |91 beaucoup plus nulle, dans tous les cas, que ces

    vilisme n’est pas seulement un fait naturel, produit de causes naturelles, il est devenu un système, une science, une sorte de culte religieux, et à cause de cela même il constitue une maladie incurable. Pouvez-vous vous imaginer un bureaucrate allemand, ou bien un officier de l’armée allemande, conspirant et se révoltant pour la liberté, pour l’émancipation des peuples ? Non, sans doute. Nous avons bien vu dernièrement des officiers et des hauts fonctionnaires du Hanovre conspirer contre M. de Bismarck, mais dans quel but ? Dans celui de rétablir sur son trône un roi despote, un roi légitime. Eh bien, la bureaucratie russe et le corps des officiers russes comptent dans leurs rangs beaucoup de conspirateurs pour le peuple. Voilà la différence ; elle est toute en faveur de la Russie. — Il est donc naturel que, lors même que l’action asservissante de la civilisation allemande n’a pu parvenir à corrompre complètement même les corps privilégiés et officiels de la Russie, elle ait dû exercer constamment sur ces classes une influence malfaisante. Et je le répète, il est fort heureux pour le peuple russe qu’il ait été épargné par cette civilisation, de même qu’il a été épargné par la civilisation des Mongols.
    À l’encontre de tous ces faits, les bourgeois patriotes de l’Allemagne |106 pourront-ils en citer un seul qui constate l’influence pernicieuse de la civilisation mongolo-byzantine de la Russie officielle sur l’Allemagne ? Il leur serait complètement impossible de le faire, puisque les Russes ne sont jamais venus en Allemagne ni comme conquérants, ni comme professeurs, ni comme administrateurs ; |93 d’où il résulte que, si l’Allemagne a réellement emprunté quelque chose à la Russie officielle, ce que je nie formellement, ce ne pouvait être que par penchant et par goût.
    Ce serait vraiment un acte beaucoup plus digne d’un excellent patriote allemand et d’un démocrate socialiste sincère, comme l’est indubitablement M. Charles Marx, et surtout bien plus profitable pour l’Allemagne populaire, si, au lieu de chercher à consoler la vanité nationale, en attribuant faussement les fautes, les crimes et la honte de l’Allemagne à une influence étrangère, il voulait bien employer son érudition immense pour prouver, conformément à la justice et à la vérité historique, que l’Allemagne a produit, porté et historiquement développé en elle-même tous les éléments de son esclavage actuel. Je lui aurais volontiers abandonné le soin d’accomplir