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|107 |90 À la fin de cet écrit, en jetant un coup d’œil sur la question germano-slave, je prouverai par des

    encore démocratiquement organisée, la faute en est seulement à la Russie. Il méconnaît singulièrement l’histoire de son propre pays, en avançant une chose dont l’impossibilité, en laissant même de côté les faits historiques, se laisse facilement démontrer par l’expérience de tous les temps et de tous les pays. A-t-on jamais vu une nation inférieure en civilisation imposer ou inoculer ses propres principes à un pays beaucoup plus civilisé, à moins que ce ne soit par la voie de la conquête ? Mais l’Allemagne, que je sache, n’a jamais été conquise par la Russie. Il est donc parfaitement impossible qu’elle ait pu adopter un principe russe quelconque ; mais il est plus que probable, il est certain, que, vu son voisinage immédiat et à cause de la prépondérance incontestable de son développement politique, administratif, juridique, industriel, commercial, scientifique et social, l’Allemagne au contraire a fait passer beaucoup de ses propres idées en Russie, ce dont les Allemands conviennent généralement eux-mêmes, lorsqu’ils disent, non sans orgueil, que la Russie doit à l’Allemagne le peu de civilisation qu’elle possède. Fort heureusement pour nous, pour l’avenir de la Russie, cette civilisation n’a pas pénétré, au-delà de la Russie officielle, dans le peuple. Mais, en effet, c’est aux Allemands que nous devons notre éducation politique, administrative, policière, militaire et bureaucratique, et tout l’achèvement de notre édifice impérial, voir même notre auguste dynastie.
    |103 Que le voisinage d’un grand Émir mongolo-byzantin-germanique ait été plus agréable aux despotes de l’Allemagne qu’à ses peuples ; plus favorable au développement de sa servitude indigène, tout à fait nationale, germanique, qu’à celui des idées libérales et démocratiques importées de France, qui peut en douter ? L’Allemagne se serait développée beaucoup plus vite dans le sens de la liberté et de l’égalité, si, au lieu de l’Empire russe, elle avait eu pour voisins les États-Unis de l’Amérique du Nord, par exemple. Elle avait eu d’ailleurs un voisin qui la séparait de l’Empire moscovite. |90 C’était la Pologne, non démocratique il est vrai, nobiliaire, fondée sur le servage des paysans comme l’Allemagne féodale, mais beaucoup moins aristocratique, plus libérale, plus ouverte à toutes les influences humaines que cette dernière. Eh bien ! l’Allemagne, impatiente de ce voisinage turbulent, si contraire à ses habitudes d’ordre, de servilité pieuse et de loyale soumission, en