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sitif à cette dernière. La première fois, ce fut Pierre III qui, à peine monté sur le trône, en 1761, sauva Frédéric le Grand et le royaume de Prusse avec lui d’une ruine imminente, en ordonnant à l’armée russe, qui avait combattu jusque-là avec les Autrichiens contre lui, de se joindre à lui contre les Autrichiens. Une autre fois, ce fut l’empereur Alexandre Ier qui, en 1807, sauva la Prusse d’un complet anéantissement.

Voilà, sans contredit, deux très mauvais services que la Russie a rendus à l’Allemagne, et si c’est de cela que se plaignent les Allemands, je dois reconnaître qu’ils ont mille fois raison ; car en sauvant deux fois la Prusse, la Russie a incontestablement, sinon forgé toute seule, au moins contribué à forger les chaînes de l’Allemagne. Autrement, je ne saurais comprendre vraiment de quoi ces bons patriotes allemands peuvent se plaindre ?

En 1813, les Russes sont venus en Allemagne comme des libérateurs et n’ont pas peu contribué, quoi qu’en disent Messieurs les Allemands, à la délivrer du joug de Napoléon. Ou bien gardent-ils rancune à ce même empereur Alexandre, parce qu’il a empêché, en 1814, le feld-maréchal prussien Blücher de livrer Paris au pillage, comme il en avait exprimé |87 le désir ? ce qui prouve que les Prussiens ont toujours eu les mêmes instincts et qu’ils n’ont pas changé de nature. En veulent-ils à l’empereur Alexandre pour avoir presque forcé Louis XVIII de donner une constitution à la France, contrairement