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ment de paysans, comme au temps de Stenko Razine : le retour deux fois séculaire de l’année de la grande révolte (1669) semblait une coïncidence quasi-prophétique. C’est alors qu’il écrivit en russe l’appel intitulé Quelques mots aux jeunes frères en Russie, et la brochure La Science et la cause révolutionnaire actuelle. Netchaïef était retourné en Russie, mais il avait dû s’enfuir de nouveau, après l’arrestation de presque tous ses amis et la destruction de son organisation, et il était revenu en Suisse en Janvier 1870. Il exigea de Bakounine que celui-ci abandonnât la traduction commencée du Kapital[1] pour se consacrer entièrement à la propagande révolutionnaire russe ; et il obtint d’Ogaref, pour le Comité russe dont il se disait le mandataire, la remise entre ses mains de la somme constituant le « fonds Bakhmétief » ; une partie de cet argent lui avait déjà été confiée par Herzen l’année précédente. Bakounine écrivit, en russe, la

  1. Le prix total de la traduction avait été fixé à neuf cents roubles, et Bakounine avait reçu trois cents roubles d’avance. Il pensa que la traduction pourrait être achevée par Joukovsky, et ne s’en occupa plus, Netchaïef lui ayant promis d’arranger lui-même l’affaire. Mais au lieu de négocier un arrangement amiable, Netchaïef écrivit à l’éditeur (Poliakof), à l’insu de Bakounine, une lettre où il déclarait simplement que celui-ci, mis en réquisition par le Comité révolutionnaire, ne pouvait achever la traduction, et qui se terminait par une menace pour le cas où l’éditeur réclamerait. Quand Bakounine apprit la démarche stupide de Netchaïef, il en fut très irrité, et ce fut une des raisons qui déterminèrent sa rupture avec lui.