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révolutionnaire, a hésité pourtant un instant, au commencement de cette guerre. D’un côté, il voyait Napoléon III, de l’autre Bismarck avec son roi-croquemitaine ; le premier représentant l’invasion, les |96 deux autres la défense nationale. N’était-il pas naturel que malgré toute son antipathie pour ces deux représentants du despotisme allemand, il ait cru un instant que son devoir d’Allemand lui commandait de se ranger sous leur drapeau ? Mais cette hésitation ne fut pas de longue durée. À peine les premières nouvelles des victoires remportées par les troupes allemandes furent-elles annoncées en Allemagne, aussitôt qu’il devint évident que les Français ne pourraient plus passer le Rhin, surtout après la capitulation de Sedan, et la chute mémorable et irrévocable de Napoléon III dans la boue, alors que la guerre de |84 l’Allemagne contre la France, perdant son caractère de légitime défense, avait pris celui d’une guerre de conquête, d’une guerre du despotisme allemand contre la liberté de la France, les sentiments du prolétariat allemand changèrent tout à coup et prirent une direction ouvertement opposée à cette guerre et profondément sympathique pour la République française. Et ici je m’empresse de rendre justice aux chefs du parti de la Démocratie socialiste, à tout son comité directeur, aux Bebel, aux Liebknecht et à tant d’autres, qui eurent, au milieu des clameurs de la gent officielle et de toute la bourgeoisie de l’Allemagne, enragée de patriotisme, le courage de proclamer hautement les droits sacrés de