Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/476

Cette page a été validée par deux contributeurs.

leurs allemands à son Empire prusso-germanique. D’ailleurs |83 le temps des coquetteries gouvernementales avec le socialisme est passé. Ayant désormais pour lui l’enthousiasme servile et stupide de toute la bourgeoisie de l’Allemagne, l’indifférence et la passive obéissance sinon les sympathies des campagnes, toute la noblesse allemande qui n’attend qu’un signe pour exterminer la canaille, et la puissance organisée d’une force militaire immense inspirée et conduite par cette même noblesse, M. de Bismarck voudra nécessairement écraser le prolétariat et extirper dans sa racine, par le fer et le feu, cette gangrène, cette maudite question sociale dans laquelle s’est concentré tout ce qui reste d’esprit de révolte dans les hommes et dans les nations. Ce sera une guerre à mort contre le prolétariat, en Allemagne, comme partout ailleurs. Mais tout en invitant les ouvriers de tous les pays à s’y bien préparer, je déclare que je ne crains pas cette guerre. Je compte sur elle au contraire pour mettre le diable au corps des masses ouvrières. Elle coupera court à tous ces raisonnements sans dénouement et sans fin (in’s Blaue hinein) qui endorment, qui épuisent sans amener aucun résultat, et elle allumera au sein du prolétariat de l’Europe cette passion, sans laquelle il n’y a jamais de triomphe. Quant au triomphe final du prolétariat, qui peut en douter ? La justice, la logique de l’histoire est pour lui.

L’ouvrier allemand, devenant de jour en jour plus