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aujourd’hui l’image fidèle dans son roi-croquemitaine, le futur empereur de l’Allemagne. Ce n’est donc pas la noblesse allemande qui s’opposera jamais à l’alliance russe. Elle l’appuie au contraire avec une double passion : d’abord par sympathie profonde pour les tendances despotiques de la politique russe ; ensuite parce |79 que son roi veut cette alliance, et aussi longtemps que la politique royale tendra à l’asservissement des peuples, cette volonté pour elle sera sacrée. Il n’en serait pas ainsi, sans doute, si le roi, devenu tout d’un coup infidèle à toutes les traditions de sa dynastie, décrétait leur émancipation. Alors, mais seulement alors, elle serait capable de se révolter contre lui, ce qui d’ailleurs ne serait pas fort dangereux, car la noblesse allemande, toute nombreuse qu’elle est, n’a aucune puissance qui lui soit propre. Elle n’a point de racines dans le pays, et n’y existe comme caste bureaucratique, et militaire surtout, que par la grâce de l’État. Au reste, comme il n’est pas probable que le futur empereur de l’Allemagne signe jamais librement et de son mouvement propre un décret d’émancipation, on peut espérer que la touchante harmonie qui existe entre lui et sa fidèle noblesse se maintiendra toujours. Pourvu qu’il continue d’être un franc despote, elle restera son esclave dévouée, heureuse de se prosterner devant lui et d’exécuter tous ses ordres, si tyranniques et si féroces qu’ils soient.

Il n’en est pas ainsi du prolétariat de l’Allemagne. J’entends surtout |92 le prolétariat des villes. Celui