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bien pense-t-il que les ouvriers qui réclament leur droit à la vie, aux conditions d’une existence humaine, qui demandent, les armes à la main, la justice égale pour tous, soient plus coupables que les bonapartistes qui assassinent la France[1] ?

|81 Eh bien, oui ! Telle est incontestablement, non sans doute la pensée explicite, — une telle pensée n’oserait s’avouer à elle-même, — mais l’instinct profondément bourgeois, et, à cause de cela même, unanime, qui inspire tous les décrets du gouvernement de la Défense nationale, aussi bien que les actes de la majeure partie de ses délégués provinciaux : commissaires généraux, préfets, sous-préfets, procureurs généraux et procureurs de la République, qui, appartenant soit au barreau, soit à la presse républicaine, représentent pour ainsi dire la fine fleur du jeune radicalisme bourgeois. Aux yeux de tous ces ardents patriotes, de même que dans l’opinion historiquement constatée de M. Jules Favre, la Révolution sociale constitue pour la France un danger encore |70 plus grave que l’invasion étrangère elle-même. Je veux bien croire que, sinon tous, au

  1. Les quatre-vingts premiers feuillets du manuscrit sont communs à la première rédaction et à la seconde. Mais, à partir d’ici, il y a deux manuscrits, et, par conséquent, deux feuillets 81, deux feuillets 82, etc. Le feuillet 81 de la première rédaction n’existe plus, n’ayant pas été conservé par l’auteur. Le contenu du feuillet 81, dans la seconde rédaction, a reçu des additions qui l’ont fait déborder sur la plus grande partie du feuillet 82 (nouveau), si bien que les quatre premières lignes du feuillet 82 de la première rédaction (inédite) se trouvent correspondre aux lignes 24, 25 et 26 du feuillet 82 de la seconde rédaction : voir plus loin la note de la page 386. — J. G.