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nombre suffisant de juges intègres, et pour peu qu’ils se donnent la peine de fouiller dans les actes passés des serviteurs de Napoléon III, ils trouveront bien sans doute de quoi condamner les trois quarts au bagne et beaucoup d’entre eux même à mort, en leur appliquant simplement et sans aucune sévérité excessive le code criminel.

D’ailleurs les bonapartistes eux-mêmes n’ont-ils pas donné l’exemple ? N’ont-ils pas, pendant et après le coup d’État de Décembre, arrêté et emprisonné plus de vingt-six mille et transporté en Algérie et à Cayenne plus de treize mille citoyens patriotes ? On dira qu’il leur était permis d’agir ainsi, parce qu’ils étaient des bonapartistes, c’est-à-dire des gens sans foi, sans principe, des brigands ; mais que les républicains, qui luttent au nom du droit et qui veulent faire triompher le principe de la justice, ne doivent pas, ne peuvent pas en transgresser les conditions fondamentales et premières. Alors je citerai un autre exemple :

En 1848, après votre victoire de Juin, Messieurs les républicains bourgeois, qui vous montrez si scrupuleux maintenant sur cette question de justice, parce qu’il s’agit d’en faire l’application aujourd’hui aux bonapartistes, c’est-à-dire à des hommes qui, par leur naissance, leur |80 éducation, leurs habitudes, leur position dans la société et par leur manière d’envisager la question sociale, la question de l’émancipation du prolétariat, appartiennent à votre classe, sont vos frères ; après ce triomphe remporté par