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fait courir à sa bourse qui, à côté de sa grosse vanité, constitue, comme on sait, la partie la plus sensible de son être. Il |76 ne se venge que lorsqu’il peut le faire absolument sans le moindre danger pour lui-même. Oh ! mais alors il est sans pitié,

|77 Quiconque connaît les ouvriers de France sait que, si les vrais sentiments humains, si fortement diminués et surtout si considérablement faussés de nos jours par l’hypocrisie officielle et par la sensiblerie bourgeoise, se sont conservés quelque part, c’est parmi eux. C’est la seule classe de la |67 société aujourd’hui dont on puisse dire qu’elle est réellement généreuse, trop généreuse par moment, et trop oublieuse des crimes |78 atroces et des odieuses trahisons dont elle a été trop souvent la victime. Elle est incapable de cruauté. Mais il y a en elle en même temps un instinct juste qui la fait marcher droit au but, un bon sens qui lui dit que quand on veut mettre fin à la malfaisance, il faut d’abord arrêter et paralyser les malfaiteurs. La France étant évidemment trahie, il fallait empêcher les traîtres de la trahir davantage. C’est pourquoi, presque dans toutes les villes de France, le premier mouvement des ouvriers fut d’arrêter et d’emprisonner les bonapartistes.

Le gouvernement de la Défense nationale les fit relâcher partout. Qui a eu tort, les ouvriers ou le gouvernement ? Sans doute ce dernier. Il n’a pas eu seulement tort, il a commis un crime en les laissant relâcher. Et pourquoi n’a-t-il pas fait relâcher en