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valent et que le gouvernement nouveau, quelque nom qu’il se donne, ne sera pas meilleur que l’ancien, et parce qu’il veut éviter les risques et les frais d’un changement inutile. De tous les régimes d’ailleurs, le gouvernement républicain lui |34 est le plus odieux, parce qu’il lui rappelle les centimes additionnels de 1848 d’abord, et qu’ensuite on s’est occupé pendant vingt ans de suite à le noircir dans son opinion. C’est sa bête noire, parce qu’il représente à ses yeux le régime de la violence saccadée, sans aucun avantage, mais au contraire avec la ruine matérielle. La république, pour lui, c’est le règne de ce qu’il déteste plus que toute autre chose, la dictature des avocats et des bourgeois de ville, et, dictature pour dictature, il a le mauvais goût de préférer celle du sabre.

Comment espérer alors que des représentants officiels de la république pourront le convertir à la république ? Lorsqu’il se sentira le plus fort, il se moquera d’eux, et les chassera de son village ; et lorsqu’il sera le plus faible, il se renfermera dans son mutisme et dans son inertie. Envoyer des républicains bourgeois, des avocats ou des rédacteurs de journaux dans les campagnes, pour y faire la propagande en faveur de la république, ce serait donc donner le coup de grâce à la république.

Mais alors que faire ? Il n’y a qu’un seul moyen, c’est de révolutionner les campagnes aussi bien que les villes. Et qui peut le faire ? La seule classe qui porte aujourd’hui réellement, franchement, la révo-